relic

Relic est une série de sculptures en aluminium qui s’est inspiré par quelques vieilles chaises que j’ai trouvées avec des pattes cabriole, des pieds griffe et le dossier percé en forme de harpe. En recherchant l’histoire de ce type de meuble, je me suis attardée sur les anciennes chaises : les chaises égyptiennes ornées de pattes de lion pour démontrer le rang des officiers et les chaises issues des anciennes civilisations chinoises et grecques avec les pattes cabriole d’où les courbes rappellent les gazelles. Malgré ces formes animales, la chaise en elle-même porte la trace de la figure humaine par sa nomenclature – le dossier, les bras, les jambes et les pieds. La chaise vide se réfère toujours à un corps absent. Pour en savoir davantage

Noli Me Tangere (Touch me not)

Noli Me Tangere

Noli Me Tangere (Touch me not), 1995

Sculpture en fonte d'aluminium avec fil d'acier
Collection de l'artiste
© Julie Lapalme

Technique : Premièrement, j’ai créé ces os en argile. Par la suite, je les ai transformées en plâtre pour les insérer dans les moules en bois pour le processus de moulage en sable. Avant que la coulée se produise, j’ai introduit du fil d'acier dans l’une des empreintes dans le sable. Enfin, j’ai supprimé les traces de plan de joint sur les os et je les ai poncés par jet de sable pour ensuite les tremper dans une patine de lessive qui a rongé les surfaces.

Declawed / Bones

Declawed/Bones

Declawed / Bones, 1995

Sculpture en fonte d'aluminium (pattes de chaise en bois modifiées)
Collection permanente, Banque d’art de la Nouvelle Écosse
© Julie Lapalme

Technique : J’ai sculpté les pattes cabrioles pour qu’elles ressemblent à des os, pour faire référence à l’animal évoqué dans la chaise. Les « pieds griffe » étaient munis de griffes inoffensives, divorcées de leur fonction originale sur une bête fauve. Dégriffé, disloqué. J’ai simplement supprimé les traces de plan de joint et j’ai poncé les formes par jet de sable pour les ternir.

Esse Quam Videri (To be rather than to seem to be)
Esse Quam Videri

Esse Quam Videri (To be rather than to seem to be), 1996

Sculpture en fonte d'aluminium (dossier de chaise en bois modifié)
Collection de l'artiste
© Julie Lapalme

Technique : J’ai orné le dossier avec du placage que j’ai pris d’une autre surface – des panneaux de placard des années 70. Le dossier était particulièrement difficile à mouler à cause de sa forme en harpe percée : en effet, la première coulée n’a pas été réussie à cause des surfaces irrégulières. J’ai dû poncer davantage la forme en bois avant de recommencer le processus. Après avoir supprimé les traces de plan de joint de la deuxième pièce, j’ai poncé les formes par jet de sable et j’ai utilisé de la peinture blanche comme patine. Enfin, j’ai étampé ESSE QUAM VIDERI sur la surface. Le titre semblait correspondre à la pratique de plaquer une surface en feuilles de bois précieux afin de déguiser la moindre valeur d’un meuble.

Historique

Je voulais explorer le thème de la perte et de la descendance rompue en utilisant la chaise comme une sorte de substitut. Nous reconnaissons la signification religieuse du mot relique lorsqu’un morceau du corps ou un article personnel d’un saint sont vénérés. J’étais plutôt intriguée par la relique qui sert comme une sorte de dispositif pour remémorer, un aide-mémoire. L’objet est retenu par son association au passé. Ainsi, ce passé tant convoité peut devenir fétiche. Si le fétichisme se produit lorsque des qualités religieuses ou mystiques sont attribuées à des objets inanimés, qu’est-ce qui se produit avec les objets virtuels? Le corps absent suggéré par la chaise vide peut-il devenir fétiche? Ce qui a été perdu augmente en importance par son absence même.

Les trois sculptures dans la série touchent aussi sur le thème de la transmutation : la chaise comme substitut pour le corps humain, la chaise disloquée et ensuite transformée en sculptures en fonte d'aluminium. Sans la structure qui les définit, ces pièces se trouvent en manque de cohésion. Elles sont incomplètes, inoffensives, perdues.